top of page

4 mai 2017

la rocinha,

l'autre visage de rio

Rio, c’est le célèbre carnaval, ses plages de rêves, son Christ Rédempteur ou encore la samba. Mais derrière ce décor de carte postale, Rio de Janeiro montre une autre facette : celle des inégalités et de la pauvreté. Visite de la Rocinha, plus grande favela d'Amérique du Sud.

L’origine du nom favela comme lieu d’habitation populaire est apparu après la guerre de Canudos (1896-1897) au Brésil. Durant le conflit, les soldats étaient installés sur le Morro da Favela, appelé ainsi à cause de la grande quantité de la plante Favela. Lorsque ces derniers rentrèrent à Rio de Janeiro en 1897, confrontés à l’absence de logements ils s’installèrent avec leurs familles sur le Morro da Providência. En souvenir des événements marquants qu’ils venaient de vivre, les anciens combattants renommèrent le campement du nom de leur ancien lieu de séjour guerrier de l’État de Bahia. À partir de 1909, le mot favela fut couramment employé pour désigner un quartier pauvre.

l’origine du mot favela

Rio de Janeiro est la deuxième ville du pays en terme de population, derrière São Paulo, avec six millions d’habitants intra-muros. Rien qu’à la prononciation de son nom, cette métropole du sud-est du Brésil fait rêver. Rio, c’est le célèbre carnaval, ses plages de rêves (Copacabana, Ipanema), son Christ Rédempteur perché au sommet du Corcovado, la samba,  le Pain de Sucre ou encore ses matchs de football bouillants au Maracanã. Mais derrière ce décor de carte postale, Rio de Janeiro montre une autre facette : celle des inégalités et de la pauvreté. Plus de 20% de la population carioca vit dans des bidonvilles. La ville compte en effet plus de 900 favelas pour la plupart concentrées sur les pentes escarpées des collines. Parmi ces favelas, celle de le Rocinha, au sud de Rio, est la plus grande du Brésil et même d’Amérique du Sud. Selon un recensement de 2011, la favela accueillerait 71 000 habitants (même si certaines sources parlent de plus de 100 000) dans 25 000 logements. C’est une véritable « ville dans la ville ».

​

Sur les pentes du morro Dois Irmãos (colline des Deux Frères) à Rio de Janeiro, la Rocinha est la plus grande favela du Brésil

Opération policière

Comme souvent dans les quartiers défavorisés, la Rocinha était en proie à des luttes entre gangs pour prendre le contrôle de la favela. La violence constituait le quotidien des habitants, les favelados, avec des échanges de tirs ou des vols à l’arrachée. Le 13 novembre 2011, des centaines de policiers et militaires ont fait irruption à Rocinha, appuyés par des blindés et des hélicoptères, afin de débarrasser la favela des trafiquants de drogue. Après l’opération, une unité de police pacificatrice (UPP) a été mise en place pour empêcher le retour des trafiquants et assurer la tranquillité des habitants. Ces UPP avaient été lancées par le secrétariat d’État de la sécurité publique de Rio de Janeiro en 2008. L’objectif étant de pacifier les favelas et de renforcer la sécurité avant la Coupe du Monde de football en 2014 et les Jeux olympiques de 2016.

Destination touristique

Autrefois zone de non-droit, les favelas tendent aujourd’hui à s’ouvrir au tourisme. Plusieurs agences ont senti le bon filon et proposent des « Favelas Tour » aux étrangers en quête de « sensations » (95 reales soit environ 27 euros pour trois heures de balade dans le quartier, accompagné d’un guide).

​

Pour se rendre dans la Rocinha, vous longez les splendides plages de Copacabana ou Ipanema, avant de prendre la route de Gávea. Commence alors l’ascension vers la favela, en passant à deux pas du quartier aisé de São Conrado avec ses villas cossues et son école américaine à 7000 réals l’année (soit environ 2000 euros). Un contraste saisissant, mais tellement significatif de la société brésilienne.

À Rio, plus de 20% de la population vit dans les favelas, comme celle de Rocinha

Dans la Rocinha, les fils électriques pendent au-dessus de vos têtes (à gauche) et les maisons de fortune sont souvent colorées (à droite)

Car la Rocinha c’est avant tout un enchevêtrement de maisons de briques ocres inachevées qui grimpent jusqu’au sommet des morros (collines). Dans les rues, au-dessus de vos têtes, des amas de câbles électriques qui pendent. Dans les allées souvent étroites, les moto-taxis filent à toute allure. Les lieux grouillent de monde. Dans la Rocinha, il y a de la vie, des commerces et autres vendeurs en tout genre, les étals du marché, deux banques aussi, un supermarché, un salon de coiffure improvisé, une boucherie d’où sort de nulle part une volaille qui a pris la poudre d’escampette…  À première vue, pas de souci d’insécurité dans cette favela qui a été « pacifiée »… mais à l’entrée du « village », une voiture de police, gyrophare allumé, stationne. Pour rappeler que, malgré tout, la vigilance reste de mise.

© 2017 Pachacútec - La route des Andes

bottom of page