19 avril 2017
Estadio centenario,
un voyage dans le temps
Il existe des lieux où le passé et le présent sont intimement liés. L’Estadio Centenario à Montevideo en fait partie. Plus qu’un stade à la gloire du football, qui accueille aujourd’hui encore les matchs de la Celeste (l’équipe nationale d’Uruguay), ce colosse de béton est devenu le symbole de l’identité du pays.
Avant le coup d’envoi de la première finale de Coupe du monde, le 30 juillet 1930, un différend cocasse a opposé les deux équipes, l’Uruguay et l’Argentine. Chacune d'entre elles voulait jouer le match avec son propre ballon. Les deux nations n'arrivant pas à tomber d'accord, John Langenus, l’arbitre belge de la rencontre, est entré sur le terrain avec un ballon sous chaque bras et a réglé l’affaire à pile ou face. Le ballon argentin a gagné le droit d’être utilisé pour la première mi-temps, le ballon uruguayen l'étant pour la seconde période.
On joue avec
mon ballon !
En 1928, sous l’impulsion de son président, le Français Jules Rimet, la Fifa (la Fédération internationale de football) décide de l’organisation de la première Coupe du monde. L’Uruguay, à l’époque l’une des meilleurs nations (double championne olympique en 1924 et 1928), obtient l’organisation de l’épreuve et part en quête de construire un stade à la hauteur de l’événement. Le Centenario est érigé en un temps record (douze mois !) et est inauguré le 18 juillet 1930 par une victoire uruguayenne sur le Pérou (1-0), lors du Mondial.

L'Estadio Centenario a été créé pour la Coupe du monde 1930
Le Centenaire, un symbole identitaire
L’Uruguay a fortement désiré décrocher l’organisation de la toute première Coupe du monde en 1930, au point d’accepter de payer les frais de participation des équipes et de construire un nouveau stade. Et cela dépassait le simple cadre du sportif. Organiser l’épreuve permettait à ce tout petit pays, coincé entre l’Argentine et le Brésil, d’obtenir une reconnaissance internationale. Pour sortir de l’anonymat et s’affirmer face à ses puissants voisins.
Le monumental vaisseau fut le théâtre de la toute première finale de la Coupe du monde, remportée par l’Uruguay aux dépens de son voisin, de l’autre côté du Rio de la Plata, l’Argentine (4-2). L’Uruguay reçu ainsi le trophée de la « Victoire aux ailes d’or » des mains de Jules Rimet. Il y eut officiellement 68 346 spectateurs lors de cette finale, bien que plusieurs sources évaluent ce chiffre à plus de 90 000. La rencontre fut suivie par les médias. Plus de 400 journalistes, principalement sud-américains, assistèrent au match.

Le stade Centenario est situé dans le quartier de Parque Battle à Montevideo
Cocorico !
Si le Français Jules Rimet est à l’initiative de la première Coupe du monde de football organisée en Uruguay en 1930 (à laquelle participeront seulement 13 équipes, sans l’Angleterre, nation qui inventa ce sport !), le premier buteur du Mondial est également Français. Le dimanche 13 juillet, devant un peu plus de 1000 spectateurs seulement, Lucien Laurent marque le premier but de la première Coupe du monde (à la 19e minute). Ce premier match se soldera par une victoire française face au Mexique (4-1). Et ce jour-là, il neigeait !
C’était aussi l’occasion de commémorer le 100e anniversaire de l’indépendance du pays (la première constitution de l’Uruguay fut signée le 18 juillet 1830). Le futur stade qui allait accueillir le Mondial, formidable vitrine aux yeux du monde, allait naturellement prendre le nom de Estadio Centenario (le stade du Centenaire). L’Uruguay a ainsi utilisé le football comme principal ciment de son identité.

Une plaque à la gloire de la Celeste, posée en haut d’une tribune, immortalise le sacre uruguayen en 1930 : « 1ère Coupe du monde - Uruguay champion »
Un musée du foot sous la tribune
Sous la tribune Olimpica du Centenario se trouve un musée en l’honneur du sport le plus populaire au monde. On y retrouve des photos des premières rencontres de la Coupe du monde de 1930, mais aussi des vitrines consacrées à des joueurs uruguayens, dont les attaquants Diego Forlan et Luis Suárez. A l’étage, le coeur du musée regroupe des archives sur l’histoire de la Celeste depuis les Jeux olympiques de 1924. Une vitrine est réservée à la première Coupe du monde et on peut y apercevoir une réplique du trophée Jules-Rimet, « la victoire aux ailes d’or », statuette créée par l’orfèvre français, Abel Lafleur. On y retrouve également des reliques, comme les maillots de deux des plus grands joueurs de tous les temps : Pelé et Maradona.







Dans le musée du foot à Montevideo, vous pouvez admirer une réplique du premier trophée de la Coupe du monde, "la victoire aux ailes d'or" (à droite)
Le musée détient une grande collection de maillots de football. De véritables reliques datant de près de 100 ans, comme la tunique de l'Uruguayen Ángel Romano, portée lors des Jeux olympiques de Paris en 1924 (à droite). Les lieux abritent aussi les maillots de Maradona (au centre) et Pelé (à gauche).
Une vitrine est consacrée à l'attaquant uruguayen Diego Forlan qui, avec 36 buts en sélection, est le deuxième meilleur buteur de la Celeste, derrière Luis Suárez (à gauche). À droite, les chaussures de foot portées par Roberto "Chueco" Figueroa, avec lesquelles il inscrivit le premier but uruguayen lors de la finale des Jeux olympiques de 1928 à Amsterdam, contre l'Argentine.